Source : Registre des délibérations
Les vignes de » las Costes » profitent de la douceur des rayons de soleil du début de l’automne, ce dimanche 3 octobre 1790. Les paroissiens, par groupe, devisent à la sortie la messe paroissiale qui vient de se terminer. Ils évoquent la qualité de la vendange et les affaires de la communauté avec cette municipalité en place depuis le mois de février. Si certains avec une voix silencieuse parlent du pain à Pibrac, tous sont certes très attentifs à la conversation mais ont le regard fixé sur la boulangerie.
Le Procureur de la Commune, Charles Teyssiere et 4 officiers municipaux : Dominique Panassier, Antoine Castan, Jean Gaspard, Jean Dardenne se transportent en cette endroit pour exercer le pouvoir de police. Ils entrent chez Jean C., boulanger. Ils veulent vérifier le poids et la recette de sa production. Le boulanger, se sentant suffisamment offensé, s’oppose fortement à ce que les pains fussent pesés. Les pains lui sont arrachés de force et volés devant lui.
Le Procureur constate la carence :
–Un pain double trop court d’un once, d’autres pas cuits dont huit petits pains.
Il jette un regard de la hauteur de sa fonction au boulanger et ordonne:
–Que ces pains soient distribués aux pauvres.
Sur ce dire, le Sieur Jean C. élève la parole :
–Je ne connaissais pas ce Sieur Teyssiere.
– La politesse ne me regarde pas.
– Ces officiers municipaux je ne les connais pas.
– Si vous revenez, je lui f—— quelques coups de pieds lui interdisant l’entrée dans la boutique (sic).
– Je reviendrais ! lui réplique le Sieur Teysseire .
Jean C. s’emporte :
– Tu es un peu jeune Teysseire et tu n’as pas assez de poils à la barbe.
– Il me plaît de vendre mon pain bon ou mauvais au prix de la taxe.
– Tu es un goujat, un guépard et plusieurs insultes suivent.
Le 17 octobre 1790, le boulanger est condamné à quinze livres d’amende et aux frais de procès.
Remarque :
Le boulanger, qui semble ignorer connaître le Sieur Teysseire, le connaît fort bien, ainsi que les officiers municipaux. En effet, le Sieur Jean C. est certes boulanger, mais aussi impliqué dans la vie locale. Il est l’un des premiers responsables de la garde de Pibrac où il occupe la place de Major, depuis le 14 février 1790. (voir 1ère Municipalité de Pibrac).